A mon humble avis, il n’y avait guère meilleur moment que l’approche de l’hiver pour aller piquer une petite tête tranquille à la piscine. Il y avait peu de monde dans les différents bassins et spas, ce qui permettait de profiter de l’occasion pleinement sans craindre d’être les uns sur les autres - ce qui pour nager, avouants le, n’est pas des plus pratique. C’était avec cette idée en tête que j’avais opter pour la piscine de ville.

De souvenir, elle comptait trois espaces : une piscine olympique a plusieurs couloirs; un complexe comportant une piscine avec une boule à vague, piscine chauffante et jacuzzi, etc. ; et pour finir une zone de restauration pour les petites faim.

Une fois les vestiaires passés et surtout ce bain de pied aussi froid et désagréable qu’une nuit passée les orteils à l’air, je m’étirais un peu en approchant le grand bassin à couloir. J’observais autour de moi, aucune tête ne me parlait plus que ça.

Non pas que cela me dérangerait de croiser des gens de ma classe, mais je restais un peu embarrassé quant au jugement que l’on pourrait porter à mes tatouages - les inconnus je m’en fichais, des gens que je voyais tous les jours, c’était pas forcément simple, surtout que je ne sais plus si c’était « autorisé » dans le règlement pour un étudiant d’en avoir ahah… Je vérifiais constamment que mon précieux pendentif restait agrippé à mon cou - ce serait bien dommage de faire sortir une queue de sirène dans un endroit pareil, même si ce problème ne s’est jamais manifesté auparavant.

Je m’attachais les cheveux avant de plonger dans l’eau et de me laisser emporter par une nage de dos. Je ne voyais pas précisément vers quoi je nageais, mais personne ne serait assez con pour prendre un couloir dans le mauvais sens ? Si ?

La fin de l’automne, l’hiver approchant, aka le début d’un enfer sur terre que tu as découvert depuis que tu vis à Eternia. Tu détestes cette période, et ce n’est même pas encore le pire. Même avec la montre régulatrice que Lucas t’a donné, tu as du mal. L’air est trop sec, il faut se couvrir, les gens sont plus irritables et ça se ressent dans la clientèle du café où tu bosses. Cependant, tu as l’avantage d’avoir l’appartement luxueux de Lucas. Il y fait encore plus froid que dehors, mais tu as toujours la montre et en plus tu peux chauffer ta chambre au maximum. Tu peux aussi chauffer la piscine. La piscine qui déconne tout à coup. C’est peut-être les filtres, tu ne sais pas. Peut-être qu’ils sont bouchés par le livre qu’ils ont avalé (longue histoire) et que tu n’arrives à récupérer. Ou par de la nourriture. Tu ne comptais pas en jeter dans l’eau, c’est juste que t’as glissé, ton plat est tombé dedans et il s’est fait aspiré. Tu devrais appeler Lucas, ou un technicien. Hm… Non, que Lucas, ça devrait suffire.

Tu n’en as pas eu l’occasion, entre le travail, les oublis, les moments de down violents, et aujourd’hui, tu souhaitent désespérément te baigner. Pas prendre une douche, ce n’est pas suffisant. Chiller dans l’eau, dans un jacuzzi. Celui de Lucas a aussi un problème, et en démontant le panneau de gestion tu n’as rien arrangé. Alors tu te rends à la piscine municipale. Ça t’emmerde déjà. Il y aura des gens, l’étendu d’eau ne sera pas qu’à toi. Tu vas devoir payer l’entrée, comme si t’avais des thunes pour ça. Pourquoi t’es pas un hybride terrestre plutôt ? Tu ne fais aucun effort pour être agréable envers la personne à l’accueil, prenant ton ticket sans un bonjour ni au revoir. Ensuite, les vestiaires, tu te changes rapidement, fourres tes affaires en vrac dans un casier, puis direction le grand bassin. L’eau de la piscine chauffante sera plus chaude après.

Tu ne t’inquiètes pas des taches sur ton corps, qui sont souvent prises pour une condition de peau, ou simplement des bleus. Le fait d’être exposé en maillot de bain occupe plus de place dans ton esprit. Tu détestes ça, raison pour laquelle tu plonges rapidement dans l’eau sans songer au sens de circulation des couloirs, ou aux autres gens présents. Résultat, tu percutes quelqu’un au bout de quelques mètres. La tête sous l’eau, tu ne l’avais pas vu. En plus, ça te fait boire la tasse. Qui est l’abruti qui regardait pas devant lui ? En toussant, tu sors la tête de l’eau et dégages tes cheveux de ton visage.

« C’est possible de regarder devant soi ou c’est trop demandé ?! »

tenue:

Spoiler:

Et dire que j’avais eu le loisir de nager tranquillement l’espace d’une seule et pauvre minute. Le monde pouvait bien être injuste certains jours… Je me heurtais à un nageur qui progressait dans le sens inverse au mien, ne pouvant le voir avec ma nage de dos. L’impact me fit boire la tasse et j’eus le droit à un petit coup de bras maladroit, comme c’était fort sympathique… Et oui, même si je suis une sirène, ça pouvait m’arriver de ne pas faire passer l’eau dans le bon tuyau.

La tête hors de l’eau, je faisais face à un noiraud inconnu - et pourtant dont le faciès me donnait d’étrange frisson dans le dos, l’avais-je déjà croisé ?- je toussais un peu avant de m’excuser brièvement… Excuses que je coupais en me rendant compte que je ne nageais pas dans le mauvais sens… Oula la… Il avait l’air désagréable comme tout, la conversation promettait d’être merveilleuse.

- Je ne vous ai effectivement pas vu monsieur et je m’en excuse. Par contre, vous nagez à contre sens et vous m’avez fait tout aussi mal. Donc faites attention.

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’une DEUXiEME personne semblait nager vers nous. Cette deuxième dame nous aborda avec autant de tact que le nageur que je venais de percuter.

La piscine était assez grande, pourquoi ne prenait-elle pas la peine de nous contourner ? En plus il n’y a pas grand monde ? Comment des gens pouvaient-ils se montrer aussi pénible au premier regard ?

- Excusez-nous. Même si vous constaterez très vite que le couloir est assez grand pour nous contourner. Nous ne sommes que trois dans ce couloir, mais vous nagez à contre sens tous les deux, indiquais-je tout en pointant les autres couloirs. Préférez-vous continuer dans votre sens actuel, tous les deux ?

J’essayais d’être neutre. Le plus neutre possible pour ne pas engendrer de conflit - bien que je me doutais que ma simple présence les dérangeait. Autant se mettre d’accord sur le sens de nage pour ne pas réitérer des collisions.

Qu’est-ce que t’en as à foutre de nager à contre-sens ! Ledit sens n’est pas affiché, il pourrait tout aussi bien être en tort et pas toi. Et tu lui as fait mal, la bonne affaire, olala comme ça t’attriste. Non mais sérieusement, c’est un détail qui te passe au dessus de la tête. Tu veux seulement nager tranquillement dans une piscine, le fait qu’elle soit publique est suffisamment pénible pour que tu supportes la première personne qui te rentre dedans en plus de ça. Oui oui, il t’a rentré dedans pas l’inverse.

Une autre personne débarque alors, déclarant que vous gênez le passage. Éclipsé, le brun qui sait pas nager, ta colère se dirige comme un boulet de canon vers l’intruse. Y’a d’autres couloirs, si elle tient tant à faire chier son monde elle a plutôt intérêt à le faire ailleurs. L’autre abruti s’excuse pour vous deux, et ça a le don de t’énerver encore plus. Tu ne comptais pas être poli du tout. Si lui ça lui plaît de s'excuser à tout va, tant pis pour lui. Ce n'est pas ton cas.

« C’est pas à nous de s’excuser parce qu’elle est pas foutue de prendre un autre couloir. Dégagez, maintenant, j’ai déjà assez avec l’autre connard qui croit que je nage à contre-sens. »

Tu pousses brusquement la fille pour qu’elle se barre, et ainsi continuer ta nage sous l’eau, loin du bruit et des interactions.

Et bien… Si j’avais su que les évènements allaient prendre une tournure aussi dramatique, je ne serais pas resté dans cette piscine. Sous mes yeux clignotants, bien des choses s’étaient produites en quelques instants… Mais il fallait que mon cerveau prenne le temps d’assimiler tout cela.

Reprenons…

Le cher monsieur qui venait de me rentrer dedans et de m’insulter au passage venait d’être propulsé contre le bord de la piscine - la tête en première, sinon ce ne serait pas marrant - par la demoiselle qui était venu nous aborder avec arrogance… Quelle force… Je… Est-ce que l’eau prenait une touche rougeâtre ? Est-ce que je devais arrêter la blonde ? Est-ce que je devais aider le noiraud ? Mais il m’avait insulté gratuitement et elle avait l’air chiante … Rhaaaaaa !

- Je ne peux nier qu’il a l’air con, mais vous n’étiez pas obligé de lui exploser la face contre le mur… me permis-je de marmonner tout en m’approchant de l’hybride sans la moindre envie, histoire de faire au moins mon devoir civique. Je risquais un bref « Ça va ? ». Après réflexion, j’aurais peut-être du appeler de suite le maître nageur. Bien que je n’étais pas directement entre la blonde et le noiraud, je pressentais être au mauvais endroit et au mauvais moment….

Tu savais qu’il y aurait des conséquences à ta réponse brusque et ton geste qui l’était tout autant. C’est tout le temps comme ça. Tu dis ce que tu penses, les gens le prennent très mal, et parfois ils deviennent violents. Tu l’es aussi, tu vas pas le nier. La connasse que tu as poussé réagit donc ainsi. Elle t’attrape la cheville et te tire vers le mur. Ça a pour conséquence d’amener de l’eau dans ton nez et de te faire boire la tasse encore une fois. Bien heureusement, le sang qui coule bientôt de tes narines chasse rapidement le chlore qui s’y trouve.
Mais t’en as rien à foutre qu’elle ait choisi ce couloir, cette grosse pétasse de merde qui mérite de se noyer ! T’es énervé. T’es énervé et tu peux pas lui répondre, t’es trop occupé à tousser et essuyer le sang qui colore l’eau du bassin. Et voilà pas que l’autre en rajoute pour dire que t’as l’air con, et ensuite te demander si ça va.

« J’ai l’air d’aller bien ?! »

Tes mains encore pleine de sang, tu tires les cheveux de la pouffiasse au moment où elle part. Elle qui a l’air si précieuse, ça lui déplaira sûrement beaucoup d’avoir sa belle chevelure tachée de sang. Tu la lâches quand un type hyper chelou débarque dans la piscine. Courant d’air, pose de mannequin, allure de dieu, tout y passe. Il débarque, et il vient te voir pour te sortir un truc incompréhensible. De quoi bouger ton bassin ? De quoi lever la tête ? Tu sais quoi faire en cas d’hémorragie nasale, il est con lui ! Faire semblant de quoi ?? Mais qu’il aille manger ses grands morts celui-là ! Puis il part, serein, pour nager comme si la piscine lui appartenait. Quand il a fini de déblatérer ses conneries, tu l’interpelles.

« Hey, bâtard. D’où tu me parles de naturel ? T’as vu ta gueule ? T’es naturel toi peut-être ? »

Ben oui Nicephore c’est bien, emmerde le type qui fait six fois ton poids. Tu ne te dis même pas qu’il pourrait mal réagir, et en vérité t’as même pas réfléchi à ta réponse agressive. Après t’être sommairement rincé les mains dans la piscine, tu te hisses difficilement sur le rebord puis tu prends la première serviette qui vient pour t’essuyer la figure avec. Tu as laissé la tienne dans les vestiaires et ça commence à vraiment t’emmerder d’avoir du sang plein la face.

Tant de choses venaient de se dérouler dans ce bassin… J’en avais perdu le fil à force de rebondissements en série et d’apparition de curieux personnages. Dans quoi étions-nous ? Une vielle site com des année 2000 avec applaudissement et rires ajoutés au mixage ? Je secouais vivement la tête. Après tout, ce n’était pas moi qui m’était mangé bêtement un mur de piscine.

Mon cerveau avait cessé un instant d’enregistrer toutes nouvelles informations dès l’arrivée de l’inconnu aux cheveux au vent. C’en était bien trop pour lui. Le noiraud sanguignolant quitta le bassin tandis que la blonde reprenait sa nage, ou du moins avait tenté. Puis voilà que Mademoiselle Oppenheimer arrivait en grande pompe. Je… Je crois que je vais aller nager ailleurs…

Me précipitant vers le bord,,, je m’extirper du couloir d’eau. Dégoulinant, je m’en allais chercher ma serviette. Je la pris mécaniquement, m’essuyant…

Tiens… C’est bizarre… Pourquoi ma serviette était-elle… Humide ? La retirant de mon dos, je constatais même qu’elle avait changé de couleur entre temps. Je….

Je regarde l’enquiquineur du dimanche qui s’était probablement moucher dans ma serviette, me laissant une trace dégoûtante sur ma serviette, mais aussi sur le dos.

Je pris beaucoup sur moi pour ne pas lui balancer le linge sale à la gueule. Tout compte fait, j’aurais peut-être du le faire…

- J’ose espérer que le nez de monsieur va mieux… interpellais-je l’hybride tout en secouant ma serviette.

… Non.

- A d’ailleurs, je crois qu’il reste encore un peu de sang sur votre faciès… me permis-je d’ajouter tout en le barbouillant avec ma serviette sale.

Autant je n’étais pas aussi brutos que la blonde de tout à l’heure, autant je m’arrangeais pour qu’il ne puisse plus se débarrasser de la serviette sur sa tête.

- Voilà, parfait. Je vous l’offre, j’en ai plus besoin.

Je m’écartais de quelques pas. Autant prendre de la distance, sans compter que le sol était glissant.

La superficialité incarnée ne te répond pas, trop occupé à finir sa nage. Tant pis. Tant mieux. Ça te permet d’aller faire autre chose en essayant d’éviter plus d’ennuis. En t’essuyant avec la serviette de quelqu’un d’autre, oui oui. Faut vraiment que tu apprennes à vivre en société, Nicephore. A vivre en société avec un rang bas, même si au fond aucun rang ne convient assez pour ton comportement, si ce n’est celui de reclus. Ça te dérange pas. Sauf que là, t’es tout sauf reclus. T’es dans un endroit public, avec des gens incroyablement chiants, et tu dois composer avec.

Actuellement, tu dois te débarrasser de la serviette mentionnée plus haut, car son propriétaire te l’a écrasée sur le visage et tu ne sais pas trop comment t’en débarrasser. C’est vraiment un gros con, ce type, d’ailleurs. Il a pas de meilleures idées que d’aggraver ton état ?? Tu exagères, clairement, t’as cherché. Le problème c’est que t’es trop sensible et que le saignement a repris. Rip sa serviette. En te dépatouillant, tu glisses sur le carrelage, avance de quelques pas pour retrouver ton équilibre, avant de finalement trouver un truc pour t’appuyer. Tu profites de ce support pour enlever la serviette et la poser dessus. Ah. Encore lui.

« J’en veux pas. »

Tu le repousses pour t’écarter. C’est le moment que choisi l’autre pour surgir de l’eau et déblatérer des conneries tellement énormes que tu ne sais pas quoi dire. Il est divin ?  Même les dieux doivent s’entretenir ? Il a fumé ou ça se passe comment ? Puis c’est quoi sa question là ? Du mascara… Euh mais c’est super chiant à porter ça, non ? Ton visage exprime rapidement une grimace d’incompréhension quand il dit que vous êtes fait l’un pour l’autre, le gros chieur et toi. Puis il part, aussi rapidement qu’il est venu. T’as rien compris.

« C’est quoi son problème, à celui-là ? Y’a que des gens chelou ici… »

Une fois cette remarque qui ne te concerne pas du tout formulée, tu t’éloignes pour retourner dans l’eau. Tu devrais plutôt aller prendre une douche, au lieu de mettre ton sang partout… Mais non, tu préfères les grandes quantités d’eau, et tu retournes dans le bassin malgré ta grande méfiance envers les personnes qui s’y trouvent.

Une fois de plus, mon cerveau peinait à accumuler ce nouveau flot d'informations. La piscine était remplie d’excentriques aujourd’hui, c’était à se demander si le cirque ne s’était pas installé en ville... En tout cas, il y avait une sacrée brochette de clowns.

D’abord satisfait de ma petite vengeance, il ne me fallut seulement trente secondes avant que mon empathie ne reprenne le dessus. Voyant le noiraud manquait de peu de se tuer sur le carrelage, je ressentais un soupçon de culpabilité - un léger, tout petit soupçon, hein.

Galérant, il finit tout de même par se débarrasser du linge souillé et me le remit dans un état encore plus déplorable. On ne comptait plus les tâches de sang qui imprégnaient désormais la serviette. Beurk… Avec quoi allais-je pouvoir me sécher tout à l’heure ? Je sentais déjà la crève pointer le bout de son nez à mes dépens.

Puis…

C’est qui celui-là ? Fut la phrase qui résonna dans mes pensées. Déjà bien occupé par le noiraud, voilà qu’un « bel » homme fit son entrée et vint nous aborder, cheveux mouillés au vent. J’étais dubitatif. Très dubitatif. Son charabia étrange était si étrange, incohérent et malvenu que je n’eus pas la force et le courage de réfléchir davantage à ses propos. Même mon inconscient rejetait mot pour mot ce qu’il marmonnait. Ceci dit, il ne fallait pas s’attendre à grand chose ; il fallait avoir un sacré pet’ au casque pour tenter d’arranger un coup à l’hôtel avec deux inconnus. Je m’écartais avec ma serviette, par réflexe. Trop de bizarreries dans l’air.

Finalement, l’inconnu aux cheveux violet s’en alla aussi vite qu’il était arrivé, tels des graines de pissenlit emportés par la brise matinale… Oula, je divague. En tout cas, je continue de maintenir ma théorie de série à petit budget des années 2000, quitte à exploser un quatrième mur.

Le noiraud malchanceux et désagréable énonça tout haut ce que je pensais tout bas. Je ne pouvais être d’accord, malheureusement. Il s’en alla nager de nouveau dans la piscine, le visage toujours en sang. Est-ce qu’il ne serait pas un peu con ? A ce rythme, il allait tomber dans les pommes en pleine nage… Cette idée me donnant froid dans le dos, je me permis de garder un œil attentif sur lui, bien que j’aurais aimé occuper mon esprit à autre chose.

Je soupirais doucement, touchant mon précieux collier par réflexe. Je pliais la serviette avant de la poser à nouveau, l’air pensif. Ne devrais-je pas revenir plus tard quand la piscine sera plus calme ?... Mais j’allais me les peler dehors en attendant… Hm...

A croire que l’on était en plein défilé, voici la pimbêche de tout à l’heure qui sortit de l’eau. Ni une, ni deux, elle s’empara de la serviette que je venais de poser, songeant très certainement qu’il s’agissait de la sienne… Je m’apperçus bien trop tard du problème.

- Vous ne devriez pas… hm…

M’apprêtant à l’arrêter, je ravisais ma main avant de faire demi-tour. Ça sentait pas bon. Oula que ça ne sentait pas bon du tout. Je tentais de fuir discrètement et apperçus Jane un peu plus loin. Je vins à sa rencontre, arborant un sourire qui trahissait mes craintes actuelles.

- B-Bonjour Jane, cela faisait longtemps, vous allez bien ? Annonçais-je l’air de rien, accompagnant mes mots de quelques signes de main - je ne l’avais pas vu se faire bousculer tout à l’heure… Pauvre brave demoiselle...

Des gens qui n’ont aucune décence, ouais ouais c’est bien, qu’elle se barre. Ça fera plus de place dans le bassin, et tu te fiches complètement d’être « indécent ». Si tu saignes, c’est de sa faute, tu ne vas pas t’empêcher de nager pour autant. Même si l’idée est stupide. Vraiment, Nicephore, tu risques le malaise dès la première brasse. A la première minutes où tu relâcheras ton attention, à vrai dire, car tu sens bien qu’un truc cloche déjà. Tu n’as pas le temps de t’en inquiéter, car un vent violent te projette hors de l’eau et te voilà dans les bras du type super bizarre !

« QU- »

Mais qu’il ferme sa gueule celui-là, de quoi il parle ! Puis quelle glorieuse idée de te toucher sans prévenir ! Du génie comme on en voit peu ! Tu ne l’écoutes même pas, la surprise a laissé la place à une colère ingérable. L’anarchie, comme il dit. L’anarchie qui te pousse à frapper dans sa direction à plusieurs reprises tout en l’insultant copieusement. Il esquive, et de ton côté tu réussis à te faire mal en ratant tes coups. Corps de merde. Tu ne restes pas dans ses bras non plus, hors de question ! Tu te dégages donc rapidement, déterminé à t’éloigner le plus possible. C’était sans compter le karma. Ton pied touche à peine le sol que tu glisses dessus et manques de te rétamer. Heureusement, tu peux te rattraper en t’appuyant sur l’autre demeuré. Ce qu’il y a de plus facile à saisir sont son épaule et ses cheveux, auxquels tu t’accroches sans merci pour ne pas tomber.
Une fois stabilisé (et surtout pas gêné du tout par ton geste peut-être douloureux pour l’autre), tu t’écartes.

« M’approchez pas, me touchez pas. J’me débrouille tout seul, connard. »

Oui enfin, avec tout ça ton nez n’a pas arrêté de saigner et t’es pas serein dans ta capacité à marcher loin. Malgré tout, tu lui fais un doigt d’honneur et tu t’éloignes d’un pas bancal vers les douches.